• Archéologie Musicale

    Une composition confrontée à sa référence majeure.

  • Portrait

     

    On aimerait, de temps à autres, jouer les forces de l'ordre du mauvais exemple, dans un violent excès d'autorité, obtenir par la seule coercition de faux aveux de la part des victimes temporaires ainsi faites, juste comme ça, parce que ça arrangerait le bourreau qu'on incarnerait alors. C'est hélas sur ce mode certes peu avenant qu'on aurait envie d'imposer au brillant Bradford Cox, consciemment à tort, l'assertion sans réserve qu' "Earthquake", hallucinogène introduction de "Halcyon Digest" (excellente cuvée 2010 au demeurant), s'avère être directement inspiré du vénéneux et vaporeux "When Things Come Falling" des méconnus All Natural Lemon & Lime Flavors, ces américains qui jadis (vers la fin de l'antépénultième décennie, pour tenter une précision) prolongeaient avec délectation un culte du shoegazing pas forcément caricatural. On voudrait tellement que notre longiligne interlocuteur et sa bande d'allumés répondent par l'affirmative... mais tout n'est sans doute pas si simple. Ceci dit, si on excepte la possibilité d'un hasard total pour pouvoir être raccord avec la démarche d'intimidation évoquée, on supposerait alors qu'aurait été opéré, pour les besoins du son actuellement désiré, un traitement de choc sur l'original, à base de destructuration et d'épure ne laissant que la peau, les os et les tendons à vif, avec un étrange baume autour. Après une demi-heure de réfléxion presque mûre, je me demande si ça vaut la peine, ne serait-ce que d'effleurer l'idée de molester ou menacer les membres d'une combinaison de musiciens qu'on chérit d'une manière grandissante... surtout lorsqu'on savoure à leur juste valeur ces deux acides breuvages pour gourmets.


    David DESMONT.

     

     

    Deerhunter - Earthquake.

     

     

     

    All Natural & Lemon Lime Flavors - When Things Come Falling

     

     

     

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    Ce qu'on a coutume de nommer "plaisir coupable" (voire "plaisir honteux") en termes de musique au sens large concerne tout autant un éventail potentiel de disciplines allant de la cuisine à la peinture en passant par les bandes dessinées et les mangas, pour n'en citer que quelques unes. Naturellement, cette extension s'applique également à un sentiment un poil plus violent : l' "attraction-répulsion", véritable montagne russe de sensations qu'on pourrait attribuer, à simple titre d'exemple, aux premiers films d'horreur de l'Histoire du Cinéma, aux fromages forts made in France lorsque leur odeur incommode contrairement à leur goût, ainsi qu'aux travaux de Matthew Barney, The Cremaster Cycle. C'est principalement dans ce rapprochement, justifié partiellement, que réside assez clairement la différence entre Scissor Sisters et Of Montreal, deux collectifs issus de la Grosse Pomme : bien que polissons, les premiers, garnements gays (sauf un dans le quatuor), dépassent rarement le strict cadre de la petite provocation potache chantée en cadence, proche d'une forme de revendication poli(cé)e entamée d'une manière bien moins frileuse par d'autres qu'eux voici plusieurs décennies. Si néanmoins on n'est pas certain que ces sympathiques gusses soient mus par la volonté de choquer qui que ce soit, on est en revanche certain que cette franche rigolade émanant de leur mascarade gentillette (voire inoffensive) s'associe naturellement à la notion d'hédonisme pur à travers ce style de pop "high energy" joliment mélodique, plaisant et régressif à souhait (ayant probablement pour limites temporelles d'influence les années 1970 à 1999), obligeant l'auditeur consentant à secouer son pelvis comme pour faire virevolter un hula-hoop de couleur vive de préférence près de cinquante ans plus tôt.

     

     

     

     

     

    En résumé, lorsqu'on se surprend à affectionner sans l'assumer ce multiple falsetto alterné avec une simple voix pop masculine évocatrice encore aggripée aux dernières années du Vingtième Siècle (j'insiste !), on nage bel et bien en plein plaisir coupable. Or, contrairement à ces quatre garçons joueurs, leurs compatriotes d'Of Montreal, officiellement au nombre de cinq (jusqu'à dix ou peut-être quinze selon les époques, les albums et les concerts), peuvent se poser en véritables générateurs de joie, d'inquiétude et d'hystérie au gré de leurs concerts et disques depuis une grosse dizaine d'années. Car, oui, là où les précédents paraissent plutôt inoffensifs malgré une posture d'agitation tous azimuths, Kevin Barnes et ses sbires (dont le penchant est essentiellement hétéro au sein de la troupe, malgré un chant et une imagerie largement équivoque) peineraient à rassurer les auditeurs s'ils en avaient l'intention, surtout par le biais de cette voix de fausset multipliée, certes avec un savoir faire identique (la plus évidente similitude des deux combos), mais avec en plus un pouvoir destabilisant et anxiogène. De facto, les montagnes russes en question, ce sont bien chez Of Montreal qu'elles se trouvent ! Dans leur univers, les mélodies sont fortes mais accidentées, le vent et les précipitations inattendues chassent parfois un soleil timide ou aveuglant, le malaise vespéral succède à la grasse matinée apaisée, on y ressent des sueurs froides, des nausées, des vertiges, mais aussi des montées d'acide, des vapeurs d'alcool en crescendo positif, ainsi que des instants de pure béatitude minimaliste que n'eurent pas reniés Diderot et Rousseau.

     

     

     

     

     

     

    Et on finit par constater qu'on ne peut pas redescendre du train-fantôme lorsque bon nous semble, c'est là que se trouve l'inconvénient majeur, même si on sourit jaune, contraint de l'accepter. De ce fait, on aime et on déteste à la fois ce choc continuel d'ambiances, tel le frais émoulu d'une prestigieuse école célébrant l'obtention de son diplôme et qui, une fois aux toilettes, ne surmonte pas sa phobie des deux ou trois énormes araignées vaguement velues et passablement charnues qui gesticulent de manière quasi-aléatoire le cagibi à besoins naturels, impossible à rouvrir de l'intérieur. Mais en dépit de toutes ces considérations émotionnelles en ce qui concerne l'improbable groupe créé au mitan des nineties, l'amour semble plus fort... sauf si on finit par avoir recours à la mauvaise foi, un précieux allié dans bien des cas. Alors oui, les pires séquences de films d'horreur de la fin des années soixante-dix, les fromages à odeur pestilentielle, le type sanguinolent au teint blafard portant une immense perruque rose pâle (qu'on doit au compagnon de Miss Björk)... ce sont autant d'images évoquant cet état d'esprit dérangé et dérangeant qu'on retrouve dans sa plus pure synthèse au fil des morceaux "The Past Is A Grotesque Animal" (2007), "And I've Seen A Bloody Shadow" (2008) (où parfois, on jurerait s'être retrouvé téléporté chez un psy qui s'analyse lui-même...) et... "I Feel Ya' Strutter" (2010), donc, pour ne passer en revue que les plus récents. Bref, Of Montreal, ça pue bon.

    David DESMONT.


     

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  • Septembre arrive avec ses longues lueurs mauves. Le vent devient frais sur les visages, le ciel n'a de cesse de changer, tout le monde s'active et la pluie ne nous étonne plus.

    Me voilà donc à la recherche de saveurs automnales. La Bretagne est le lieu idéal pour cette saison. La proximité de l'Angleterre donne également des idées. Des pensées musicales. Rien de plus agréable qu'une certaine pop en Septembre. Adolescent, l'album de ma rentrée fut Your Arsenal, Bona Drag c'était le printemps. Quand j'écoute ses albums, défilent en moi toutes les impressions des saisons, leurs couleurs et leurs parfums.

    Aujourd'hui, je me passe The Pains of Being Pure at Heart. C'est radieux comme une ondée traversée de soleil.

     

     

    En les écoutant, j'ai eu envie de creuser une galerie mélodique et je suis tombé sur Blueboy. Un véritable talisman. Une sensible envolée vers les odeurs de pluie, les feuilles pourpres, les senteurs d'herbes brûlées. 

     

     

    J'écoute avec une joie non retenue éclore dans mes oreilles ces superbes vignettes automnales. Je m'en retourne piocher amoureusement chez Sarah.

    Et voilà également que je m'en vais rêver vers cette peinture de Millais qui a su représenter l'âme de l'automne. Merveilleuse saison.

     

    Archéologie Musicale

     

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  • Les immenses enjambées mélancoliques de Windsor For The Derby ont leur répercussion.

    Ce groupe mystérieux dégageant un halo inquiétant, possède ce pouvoir évocateur indéniable. Sofia Coppola ne s'était pas trompée en plaçant Melody of a Fallen Tree au centre de sa bande originale.

    Et voilà que je retrouve, derrière l'épais tissage mélodique de Thief's Hand, cette même troublante étrangeté.

    Ecoutons ces deux musiques correspondre.

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