• Quelques notes de piano dans un appartement vide, des clopes – un peu de partout – des disques, du beau bordel. La lune rentre avec fracas par une fenêtre. Le ciel balance son crachin depuis vingt quatre heures. On écoute du blues ou de vieux Neil Young. C’est le moment idéal pour découvrir Binary Folks. Un combo relevant nos pépites fétiches, Grandaddy, Sebadoh ou encore Pavement. Mais les comparaisons musicales c’est un peu comme la masturbation, c’est efficace mais on s’en lasse. Mieux vaut faire l’amour. C’est aussi plus intéressant d’écouter ce groupe, de le voir sur scène ou bien de lire le témoignage de Guillaume Derrien. Le cerveau foutraque de Binary Folks nous livre ici sa petite histoire: ses grandes ambitions, ses déboires et ses paroles à la Bukowski. Ce mec là pond des ballades champêtres bouffées de sauvageries grunge, de relents hard rock... bien des musiques se moulinent les unes avec les autres. C’est une sacrée déflagration païenne qui retentit dans ma tête. Déflagration assez forte pour représenter la Bretagne, devant mes yeux, alors que j’en suis si loin. Les meilleures musiques possèdent leur paysage. Binary Folks c’est les forêts du Finistère, les grandes beuveries bretonnes... et l’océan qui chaque jour reprend un peu plus à la terre.

     

     

    Portrait

     

     

     

    Pour les écouter:

     

    http://www.myspace.com/thebinaryfolks

     

     

    Rencontre

     


     A la base, Il y avait deux projets: Photonshade (avec Guillaume Aubertin) résolument électro voire techno parce qu'à l'époque ce qui m'intéressait, c'était principalement la musique éléctronique ( Dopplereffekt, LFO  ) et puis un projet parallèle pour caser des productions plus « lentes » ou qui ne cadrait pas dans le cadre de Photonshade. (Photonshade vaguement dissout en 2004) 


     

     

     

     

    L'idée de départ de Binary Folks, c'est de reprendre la composition « pop »  et rock traditionnelle mais en n'utilisant que des instruments électroniques. Au début des années 2000 j'ai des vieux ordinateurs pourris , pas les moyens de me payer un sampleur correct, je travaille donc sur des très petites séquences (4 mesures en général), plus ça fait planter windows 95! Cette restriction technique m'oblige à composer à la manière de collages en art plastique et de superpositions ( ça s'entend particulièrement bien sur mon morceau Twilight Times je trouve ).

     

     

    Twilight Times



     

     

    Ça tombe bien, je suis super Fan du Odelay de Beck qui utlise parfois le même procédé. J'ai envie de faire des jolies mélodies avec mes synthés analogiques, de faire pleurer les machines, de faire du psychédélique. Je vais dans tous sens. Il y a quasiment rien que j'ai pas envie d'entendre ou de composer. 

    J'essaie de faire des trucs un peu cinématographique à la « Morricone » et je me casse les dents sur les arrangements midi de cordes pour faire comme Lee Hazlewood avec des synthés qui font coincoin ou les prods de RZA. 

     

     

     


    Les premiers live de binary sont 100% éléctroniques. Un vieux séquenceur et quelques synthés et sampleurs. D'ailleurs, les premiers à s'intéresser vraiment à Binary folks, ce sont les mecs de Citizen Records, le label de Vitalic. Il est même question de sortir un truc ensemble mais encore une fois, ça capote. 

    Puis au fur et à mesure, je reviens sur mes engagements de ne pas utiliser d'instruments physiques parce que j'ai vraiment envie d'écrire des chansons comme Ray Davies , John Lennon, Brian wilson ou Serge Gainsbourg.

     

     

     

     

    Enfin, j'essaye...Ou alors comme Pavement, les pixies, bowie, Joy division. 

    J'ai envie de morceaux costauds. 

    J'engage donc un batteur (Tristan Litière) et un guitariste (Sylvain Bréhu) mais ça reste quand même principalement électronique. Les instruments sont là pour les arrangements et puis pour faire plus vivant sur la scène. Je voudrais faire ça Add (n) to X mais j'y arrive pas vraiment. 


     

     

     

    A ce moment-là on est choisi par Jean-louis Brossard comme groupe découverte au transmusicales, j'ai du budget, des dates de prévues, on me propose des musiciens (Hervé Loos à la batterie, Marco De Oliveira à la basse et toujours Sylvain Brehu). 

    J'émigre à Bordeaux, je connais personne, je me fais chier, je passe quasi un an enfermé dans mon home-studio. Finies les résolutions de ne pas utiliser guitares,basses et pianos, je compose des morceaux le plus POP possible tendance 1967 avec moults guitares, voix et basses ( Simple Man, Drowning in The House, Midclass Fury, Sinners....) pour utiliser mon groupe. Même si j'ai toujours l'impression d'être une imposture, un producteur de musique électronique qui se fait passer pour un rocker. Mais en fait je dois me rendre à l'évidence, je sais effectivement jouer de la guitare avec mes mains, chanter avec ma voix.

     

     

     

     

     

    Bref dans la foulée, j'enregistre 13 titres avec Thomas Poli qui témoigne de la tournure dramatiquement folk/pop/rock le plus classique qu'à pris ma musique! Les morceaux sélectionnés font la part belle au songwriting alors que le groupe avait été crée pour du pur soundwriting. Je me suis trahi tout seul, mais en fait je m'en fous. 

    Et puis on me reproche de faire des bluettes, un peu gentillettes. Alors je n'écris plus que des textes salaces. Heureusement personne ne capte les saloperies que je chante. Enfin je crois...J'ai honte quand il y a des anglais dans la salle et que je braille « let me fill your cunt » 8 fois d'affilée. 

    J'avais composé l'ébauche d'un thème pour un film de cul diffusé sur canal +, le film est passé pas mon thème. Encore un truc qui foire... J'ai toujours le script du boulard, il était supposé être un peu intello voire arty. Lol

    Mais en fait,  on trouve personne pour sortir les morceaux, c'est la crise du disque... tout ça... 


     

    Portrait

     

     

    Et sur ces entre faits je me barre en Asie en vacances prolongées. Et en rentrant, je me lance dans la rénovation d'une bicoque. Grave erreur, je me retrouve bloqué pendant presque 2 ans, sans studio, les mains dans le ciment. 

    A peine fini, je me remet au boulot. Je piétine maintenant sans vergogne mes anciennes résolutions. 

    C'est du rock tout ce qu'il y a d'orthodoxe (Venus, The Tag) ou presque (I've Got This Thing). 

    A ce rythme je fais de la variétoche dans 5 ans et du baloche dans 10. 

    On en est là aujourdhui. Le disque devrait sortir dans l'année 2011, le calendrier sera fixé d'ici un mois. Il devrait sortir sur le label Rennais Idwet. Si ça foire pas avant ! 

    Tu as pu voir la nouvelle formation, en cours de travail, avec Victor Thomas et camille Arditti ( Que j'ai pris dans le groupe pour la former à la scène pour l'autre projet « Dollarbird ») 


     

    Guillaume Derrien.

     

     

     

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  • Leo Berne est un cavalier, il échappe en partie aux créations qu'il enfante. C'est un don prodigieux. Certaines de ses photographies semblent de marbre. Et pourtant, il dispose sur ces éclats froids tout le sel du vivant. Les couleurs sont fortes ou discrètes, les paysages anodins ou prodigieux, peu importe - le résultat demeure essentiel.

     

    Portrait

     

     

    Le vif du réel compose avec le trouble du rêve. Les visages sont crus ou énigmatiques, Leo Berne ne choisit pas - il rencontre les éléments.


     

    Portrait

     

     

    On colle contre ces images d'étranges impressions. On les scrute - elles nous échappent, on les ignore - elles nous veulent. Volutes de candeur et de froideur, petit theatre serein et fantomatique, ces photographies sont des mondes qui murmurent leur chant.

     

     

    Portrait

     

     

    Leo Berne voit et parle peu. Il a gentiment sélectionné un ensemble d'oeuvres. Elles parleront pour lui. C'est tout.


     

    Portrait

     

     

    Sélection 

     

    1 ) CINÉMA

    Les 25 épisodes de Neon Genesis Evangelion

     

     

     

     

     

    2 ) Un photographe

    Asger Carlsen

     

     

    Portrait

     

     

     

    Voir :

    http://www.asgercarlsen.com/

     

     

    3 ) Une musique

    Bruno Nicolai

     

     

     

    A écouter également, les musiques avec "des samples hors de prix" de Leo Berne sur Chinese Man Records.

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  • Pas loin de la ville, du viaduc fatigué des pluies, se dressent d'impressionnants sous bois. Parfait lieu de mélancolie. Morlaix est à l'horizon comme une petite cicatrice entre deux seins ronds. La terre au sol laisse des traces fauves entre les bruyères. C'est un joli panorama pour aimer, vraiment. Il y a peu, je suis tombé sur des fragments d'incertitudes, des photographies. Ces photographies m'ont dévisagé comme seule une révélation peut le faire.

     

     

     

     

    D'abord en voyant ce visage dans la pénombre, le regard noir de souvenirs, je pensais à Knives Out. Diable de nostalgie. La musique posait merveilleusement ses notes en autant de caresses sur cette magnifique jeune femme. 

     

     

    Portrait

     

     

    Un modèle peut provoquer l'envoûtement mais encore faut-il connaître le créateur. Car c'est bien son regard à lui qui se dépose sur la beauté fluide et évanescente. Il faut savoir emprisonner ce charme... l'effleurer et puis le tenir fermement.

     

     

    Portrait

     

     

    Ce noir et blanc intense évacue ses énigmes. Candeur, mélancolie, angoisse, jeunesse et la fuite du temps voilà les douces épices qui se portent à nos lèvres. Antoine Henault est un jeune homme qui sait instinctivement capter les divaguations, le trouble, l'érotisme. La nature se mêle à la chair comme l'ombre à la lumière. Il me fallait discuter avec lui pour comprendre le charme insensé de ses photographies.

     

     

    Portrait

     

     

    La bretagne, l'océan, les calvaires, les jeunes femmes au regard clair, la joie ou les tristesses profondes tout se dilue dans ces compositions remarquables établies par un artiste déjà précis, magnifique comme ses dix huit années.

     

     

     

     

     

     

     

    Il répond à nos questions avec une vivacité totale, entre innocence, visions, colère sourde et magie. Il parcourera, sûr, l'avenir avec les chevilles fines du coureur de fond. Eternellement. 

     

     

     

     

     

    Rencontre

     

     

     

     

     

     

    1- Dans vos photographies, il y a cette impression de résurgence, de la lente montée d'un souvenir. La mélancolie est-elle, pour vous, une énergie créatrice ?
     
    Bizarrement, la mélancolie est un sentiment que je connais depuis peu de temps. Elle est survenue à partir du moment où j'ai pris du recul, où j'ai perdu l'innocence que la campagne avait préservé jusqu’à mes 15 ans. Je pense que je suis surtout nostalgique de cette période sans angoisses inutiles ni remises en question. Je vis des années de doutes qui rendent mes émotions irrégulières. Alors oui, c'est évidemment un moteur car je l’extériorise avec l'art, mais j'espère que les choses se calmeront avec le temps.
     
    2- Une sensualité troublée, voilée d'inquiétudes se plaque sur certains de vos modèles. Cela donne l'impression d'un parfum de pluie soudainement balayé par un rayon de soleil.
    Vos photographies sont doubles, mélange de tristesse et de joie. Ces images sont-elles un écho de vous même ?
     
    Probablement. J'accorde une énorme importance aux sens, je me laisse toujours imprégner d'émotions primaires au départ, la réflexion intellectuelle vient après. Comme une musique que l'on aime sans avoir réfléchi aux paroles. Ici encore une fois, mon âge excuse un épanouissement qui n'est pas encore total, j'imagine que les troubles et l’inquiétude viennent de là. Quant à ce mélange de tristesse et de joie, c'est peut être cette irrégularité dans les émotions, heureuses ou tristes, mais rarement neutres.
     
    3- Le noir et blanc de vos compositions intensifie les impressions. Avez- vous décidez rapidement de votre esthétique ?
     
    Le noir et blanc s'est imposé très vite, justement par son intensité. J'ai encore beaucoup de mal avec les couleurs, qui me semblent parasiter les émotions. Pour son caractère ancien aussi : J'ai toujours été fasciné par la vieille France, les souvenirs qu'elle a laissé et toutes ces photos en noir et blanc que l'on sentait plus authentiques.

     

     

     

    Portrait

     

     
    4- Comment choisissez-vous vos modèles ? Est-ce le fruit du hasard ? Un cercle de connaissance ?
     
    Ce sont des amis, ou bien des connaissances, des gens que je croise dans mon lycée. Il y a des gens que je vois parfois dans la rue et que j'aimerais arrêter, mais je n'ai pas encore assez de culot. Je choisis principalement des filles, car la féminité est quelque chose qui me fascine: Il y a chez les femmes cette facilité à montrer rapidement les émotions. Pour les hommes, c'est différent. Il faut apprivoiser un homme, lui montrer qu'il peut être en confiance et qu'il n'a plus rien à prouver. J'attend donc de trouver des modèles masculins qui assument leurs fêlures, leurs sentiments, et leur vulnérabilité.
     
    5- Musicalement, quelles sont vos inspirations ?
     
     D'abord tout ce que mes parents ont offert à mes oreilles durant mon enfance. Les chansons de Jacques Brel, de Léo Ferré, de Charles Aznavour. De manière un peu plus contemporaines : Souchon, Cali, Alexis HK ou très récemment Bertrand Belin. L'usage intelligent des mots me fascine, et il n'y a qu'en Français que je peux en comprendre les moindres subtilités. J'écoute aussi beaucoup de vieux jazz ( Chet Baker, Nina Simone, Louis Armstrong...) et je me relaxe sur du Kings of Convenience, Feist, Lykke Li... Mes inspirations sont donc nombreuses mais elles ont en commun une puissante mélancolie, encore une fois.
     
    6- Pour finir, l'érotisme, l'automne, la religion, l'enfance et la mort hantent vos oeuvres. Sur quels thèmes appréciez-vous travailler ?
     
    L'érotisme pour ses émotions primaires dont j'ai parlé avant, l'automne pour sa nostalgie poétique et la beauté de ses couleurs prêtes à mourir, l'enfance pour les raisons citées ci dessus, et la mort parce qu'elle appuie le caractère éphémère de la vie et de surcroît l'importance de la vivre intensément. 

     

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  • Je revenais dans cet automne où les immenses pentes rousses du Cap de la Chèvre imposaient leur silence. Une bruine amande inondait mon visage quand la roche, elle, se coltinait la rage de l'océan. Je buvais des bières en respirant mon écharpe parfumée à l'eau de pluie. Mes premiers pas en Bretagne ont été comme cela: des odeurs, mille lumières,l'ombre, le chant du ciel, l'ardoise et les yeux gris de certaines femmes aimées. Mais c'est encore le mystère, les immenses calvaires bleuissant sous la lune - la musique.

     

    Portrait

     

    Musique qui dévale les longues plages, qui coule dans les larmes, qui hante les frondaisons. La Bretagne résonne, tonne, s'emporte et s'apaise lentement. Ces impressionnants mouvements, ces rythmiques syncopées, ces silences traversent l'univers de Poor Boy. Le groupe de Jacques Creignou possède une âme brûlante et glacée à la fois. Un chant où la mélancolie et la rage se perdent dans de redoutables face à face. Cette musique fut pour moi, une escapade électrique. Les voix sur Light From The Urban sont splendides comme souvent dans cet album. Mariwenn Guernic oppose son timbre de pierre fendue, écho charnel et profond, aux cisailles, aux écorchures que Jacques distribue avec vitalité et passion. This Was The Day pourrait passer pour une romance intemporelle, romance qui conserve mille secrets et mille envoûtements. On ressort de ce disque comme après une forte fièvre et on ne s'étonne pas de vouloir le réécouter. Il nous fallait dévisser la cervelle de ce pauvre garçon pour comprendre le rêve tragique et foutraque qu'est Dreamer, Are You Sad ?

     

    Pour les entendre:

    http://www.myspace.com/poorboyband

    http://www.deezer.com/fr/music/poor-boy#music/poor-boy


    Poor Boy 


    Portrait

     

    1. Sparklehorse et Fennesz : 

    2010 a vu la disparition de certains de mes héros tragiquement dont Vic Chesnutt et Mark Linkous alias Sparklehorse...j'adore ce que ce type faisait, d'une tristesse incroyable et en même temps de la colère et une envie désespérée.

     

     

     

     

    2. Black Angels-young men dead : 

    Je les ai vu récemment au Botanique de Bruxelles, même si leur musique n'apporte pas grand chose de neuf, c'est le mélange parfait entre les Doors et les Dandy Warhols...Une tribu qui te transporte avec elle au fin fond du désert, exactement là où l'on a envie de se perdre. Retrouvez ici leur tube sur mon film préféré des frères Cohen.

     


     

     

    3. La merditude des choses  


    Le glauque extrême et des scènes d'une drôlerie inouïe. J'en sors pas indemne...Ik ben een Strobe.


     

     

    4. Seville 82 (red, marinescu, tessier)

    Alors que beaucoup de musiciens s'essaient sur des films muets des années 30, Red et ses acolytes ont eu la géniale idée d'un télé-concert en VHS...retour en 1982 sur un des moments collectifs les plus mémorables depuis Waterloo 1815.

     

     

     

     

     


     

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