• They Make Money So Why Don't We? Leur nom est presqu'une fête. On a en tête un fond de Jack Daniel's dans une tasse perdue; les fonds de tasses et le whisky s'épousent admirablement bien. Face à nous, une jeune femme, fumant admirablement sa Dunhill. La cigarette est un art, comme le reste, pour peu que l'on s'applique. Ses paupières supportent à grande peine un épais mascara, ça coule. Ça suinte/ elle est belle. Je crois bien que cette créature triste est une revenante. C'est terrible. Elle m'appelle, me dit d'arrêter ma vie de dilettante. Il faut bien penser à ces absents qui trouvent éternellement la porte fermée.

     

    G

     

    j'ai 39 ans comme Yannick. Une foulée dans la vie mais mille choses à vivre. C'est proprement le sens de sa musique. Le feu de joie, en homme pressé. L'émotion me fait presque aimer Les Savy Fav. La musique est adultère par nature, elle finit toujours par coucher avec d'autres, elle nous échappe. C'est elle qui sélectionne les souvenirs. Jason Molina me rappelle les machines entourant le corps de mon père, en pleine bourrasque avec un cancer. Mark Linkous me donne à goûter le grain de ta peau. Ces morts sont bien vivants car leur chanson donnent sens à certain moments de nos vies.

    La musique est une mémoire insubmersible. Mais il faut l'honorer. Ça tient du rite, ça ne manque pas de chagrin mais il y a aussi de bonnes bouffées de gaieté; c'est une aventure. C'est ce que me dit la jolie revenante, c'est ce que je comprends de toi Yannick. 

     

     

     

     

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  • Parfois la vie nous lessive, vraiment. Le deuil s'entoure de pétales imprononçables, de fleurs transparentes, de silences car plus rien n'a de goût. Comment alors pouvoir imaginer que le marbre s'illumine? Qu'après la plus violente détestation vient la candeur? 

     

    THE APARTMENTS - Fête Foraine.

     


    Tous ces sommets émotionnels qui bâtissent la cathédrale de notre vie crépitent dans Fête Foraine. Cette indescriptible intensité déposée comme une caresse,
    marquée comme un silence hante ce disque de The Apartments.

     

     

     

    Aucun album ne m'a accompagné comme celui ci. Frappé par une disparition, je n'écoutais plus rien. La musique m'avait laissé à mes remparts. Mes seules mélodies ont été le souffle du vent dans les frondaisons, les jeux de la pluie dans les gouttières, le ronronnement d'un chat envahi de lumière.

     

     

     

     


    C'est toutes ces mélodies que j'ai appris à goûter dans End Some Fear. C'est un peu un immense nuage noir qui se fendille en mille endroits pour laisser naître le soleil. Mais mon plus grand réconfort à été d'entendre Thank You Making Me beg. Je pourrais me fâcher à vie avec qui n'aimerait pas cette chanson. Elle est toujours cette présence radieuse, cet instant d'éternité où l'on saisit tout avec bien peu.

     

     


     

     

    Things You'll Keep vient déposer la chaleur là où tout a été laissé au repos.On Every Corner est une cavalcade amoureuse qui irradie tendrement un visage épuisé.
    Marqué de silences et de richesses, ce disque restera pour moi le plus émouvant des Coda.

     

     

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  • Journée de printemps, il y a un temps fou... oui... une petite éternité à Marseille. Je revenais paresseusement de la faculté, me promettant de ne jamais devenir professeur. C'était encore l'époque où l'on devait marcher fébrilement jusqu'à son disquaire fétiche. Fébrilement pour savoir si oui ou non, il y aurait le disque attendu. J'arrivais toujours un peu haletant au Kaléidoscope. C'était une rude montée lorsque l'on arrivait de la gare St Charles. Un mec avachi empestant la clope sélectionnait nonchalement les 33 tours. Sinon il vous fixait terriblement comme s'il sondait en vous le choix de votre artiste. Gentiment intimidant. Ce jour là, j'étais venu trouver le Poison Boyfriend de Momus.

     

     

    En vain, je cherchais entre les piles de disques, je l'entendis ricaner. D'une voix enrouée de tabac il me dit : “ C'est celui-ci que tu es venu chercher. “ Je regardais une drôle de pochette. Fond noir et couleurs comme fait par un élève tardif de kandinsky ou un amateur des collages de Matisse - Live A Little Love A Lot.


    Moose Vs Max Ernst


    Il me reprit des mains l'ouvrage puis plaça la galette sur la platine. Contre la vitrine du magasin la poudre dorée du pollen se plaquait contre la vitre. Le vent tiède secouait cet étrange rideaux de perles pourpres dans l'entrée. Play God déroulait ses secondes précieuses. J'étais immédiatement sous le charme. Embarqué je prenais également ... X Y Z.




    Je topais le bus pour filer vers les collines de Marseilleveyre. Mes deux disques sous le bras. J'étais debout, à côté d'une religieuse. Je rêvassais parfaitement, heureux de mon butin lorsque le chauffeur freina brusquement et nous balança, la religieuse et moi, sur une jolie jeune femme rousse encombrée d'un énorme carton à dessins. Celui-ci était maintenant à terre, des reproductions de tableaux jonchaient le sol et avec eux, mes deux disques de Moose que j'avais lâché dans ma chute. Parmi les reproductions, il y avait un collage de Max Ernst: “ La Puberté proche... ou les Pléiades.“ La jeune fille, prise de fou rire, alla aider la religieuse. Je rangeais son carton à dessins et repris mes albums.  


     

    Moose Vs Max Ernst


    J'ai, depuis, toujours associé ce collage de Max Ernst aux pochettes de Moose, au mois de mai, au Kaléidoscope - aujourd'hui disparu - à cette jeune fille rousse et à une religieuse avachie par terre.



     

     

     

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  • Kissa, Kissa ... il me fallait une musique, une musique pour un amour. Je revenais de mes journées froides et lisses comme l'acier, de mes années de coeur en hiver. Les paupières closes, mon sac à regrets posé lourdement sur les épaules, je vacillais dans une encombrante tristesse. Avril portait un goût fade sur les lèvres embrassées, les parfums ne plongeaient jamais dans le souvenir. Tous les parfums devenaient poussière Kissa. J'étais un amant tout terne et sec. J'ai trompé mes amoureuses. Perdu et injuste, je bordais simplement leur désillusion. Je préférais sans cesse ma solitude. Je restais muet. La maladie de mon père rôdait autour de ma gorge pour me nouer encore et encore. Mais aujourd'hui ma gorge se noue Kissa, avec cette même force, pour un feu qui tapisse mes visions. Je redeviens poète, les magnolias me portent leur saveur, le sel d'avril innonde mes lèvres. Chacun de tes baisers est unique, mon souvenir les classe de chapitre en chapitre.

     

    CHRIS COHEN



     J'écrivais pour la musique mais je ne lui rendais pas service, je l'écoutais peu. Si peu. Mon coeur ne daignait rien goûter. Peut-être une chanson de Mayo Thompson... Dear Betty Baby, oui... elle me rendait quelques étoiles, des fragments d'envies.





    Kissa, quand je marchais avec toi près de l'Erdre, quand le ciel de Nantes noyait son bleu de poussière blonde, oui, lorsque le soleil déroulait ses pélicules lumineuses sur ton visage j'avais en tête la musique de Chris Cohen. Elle ne me quittait pas. Je regardais le sommeil te rendre si belle durant cette traversée en bateau, nous revenions de l'autre rive - silencieux. Cette traversée me menait lentement, sans que je m'en aperçoive, vers toi mon amour. 




    La musique de Cohen, douce et abbrasive à la fois, collait parfaitement à ma vie. A la fuite romanesque des déceptions et de ma propre torpeur. Un divin carillion.  Il nous porte cette mélancolie famillière qui bascule, magnifiquement, dans la joie et l'espérance. Heart Beat signe cette évidence, merveilleuse composition où les choeurs se lovent comme jamais.





    Je repense toujours à Stendhal qui disait qu'il ne fallait jamais écrire sur la musique que l'on admire. Mais comment résister lorsque l'amour se mêle à la musique et nous offrent les mêmes indélébiles pulsasions?


     

    CHRIS COHEN


    Kissa, j'écoute Optimist High et je savoure la courbe de ton profil, la coupe de tes yeux, ta peau si blanche. Toute cette musique se compose de toi, c'est pour cela que je l'aime.









     

     

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  • Dans l'appartement vide, il ne me restait qu'un tas de lettres. Celles que j'avais écrites durant les nuits douces de mai ou dans la terreur froide des journées de janvier. Elles ressemblaient à de petites muettes étalées sur le vieux parquet en bois. Le blanc de l'enveloppe sur le sombre du bois. Je pouvais sentir le parfum de certaines journées, leur souvenir doucement incrusté. Je les ouvrais toutes ces lettres, lentement. Leur lecture me paraissait étrange comme si celui qui avait tracé ces lignes n'était pas moi. Plutôt un double tour à tour lamentable ou brillant, pleurnichard ou implacablement secret.


    La cinémathèque de DUBAI


    Durant ces derniers instants, dans une ville qui ne m'était plus si famillière mais plutôt hostile, je vacillais avec la musique de DUBAI. Une angoisse sourde et une force électrique- bleutée comme le souvenir d'un amour mal fichu - transpirent de cette musique. Un groupe à écouter les jours de tonnerre. 



    On retrouve DUBAI chez Clan Destine Records, un endroit plutôt génial pour faire des découvertes étranges et poétiques. Un travail d'orfèvre mené par Carl Clandestine.



     

    La cinémathèque de DUBAI



    DVBAI Video Mix


     

    1. Tampopo. Juzo Itami.


    We watch a lot of movies, but I can't say exactly how they influence our music. I guess being in someone else's world is the equivalent to listening to a good record, and a lot of times it's preferable to exist somewhere else. Sometimes when writing songs, we explain sound visually, too, in terms of color or the images that it provokes.I first saw Tampopo when I was rather young and it left a big impression on me. It feels like a happy dream, where the characters and scenes overlap, and you feel fed and validated by all these hedonistic images of food and sex, and eventually death.I don't know how we hit upon the idea to remix the love scene, but the contrast between these sensual images and our dissonance feels like the right amount of tension and comedy. Here is another scene that turns ramen eating into a fetish.





    2. Rocky. John G. Avildsen.


    We love underdogs. I wrote this movie off for a long time because I thought it was cheesy. There isn't much in the way of character development, and Sylvester Stallone's slur can get annoying, but it is a classic for a reason. Seventies Philadelphia looks just so damn griitty, and the fact that they shot it on film makes the colors bleed beautifully, like a boxer's face.



     



    3. The Godfather. 

     
    We kind of have a problem with anything that has sequels, in that we have to watch ALL of them. Again, this was another franchise that I felt I could never get into, but maybe it's a bit of homesickness for America that's helped me to reconsider these films. Johannes likes the ultimate justice that falls down upon a sympathetic bad guy. He has a choice to make, and he takes it, but even godfathers can't escape karma.



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