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    Chaque jour, je te vois porter à tes lèvres, le pain noir de la maladie. Je la tiens à distance comme un soldat, c'est elle qui surprend, c'est vrai, c'est elle qui nous chuchote que l'on ne passe pas assez de temps à s'aimer. Elle doit avoir les mains fraîches, elle libère les mystères.

     


     

     Il te faudra apprendre à ne plus aimer ses caresses, à les chasser. Illuminer une ombre, éviter la morsure. Combattre. Tout ceci ressemble à un songe, un passage étrange où les souvenirs viennent, où les parfums se déposent.

     

    Portrait

     

    Vivre à chaque instant, c'est bien ce que l'on essaie de faire - ensemble. Vivre. J'ai souvent envie de me mettre la tête, pour évacuer sa présence. Je la vomis avec colère, je la vomis.

     

     


     Je suis peu fait pour la reconnaissance, pour Dieu, pour les espoirs qui se dérobent  en rafale. Je veux lui serrer la gorge très fort, je veux m'endormir avec elle pour que tu l'oublis, toi, qui accepte sa présence sans cesse. Elle accompagne ton souffle, je l'entends. Je veux que tu sois un bon marcheur et que l'on voit loin sur le chemin. Je veux que tu continues.

     


     


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  • Paul l'attendait. C'était devant une petite chapelle, la chapelle de la pureté. Devant lui, un immense panorama fendait l'horizon - de vastes plaines jaunes, des bouts de forêts au vert sombre et de minuscules collines toutes rondes fabriquaient le paysage. De larges cumulus, presque métalliques, dévoraient le ciel. La pluie allait venir, les choucas faisaient vibrer les hautes branches d'un cèdre. En contre bas, un village aux maisons courtes et blanches, reposait comme le visage d'une rêveuse. 

     

     

    Paul respirait le parfum de la vieille pierre, de la terre mouillée par les premières averses. Allait-elle arriver avant la pluie ? Il entamait de petites prières mentales, fermait les yeux, murmurant ce qui certainement, il n'arriverait pas à lui dire. Le vent brusquait toute les silhouettes aux abords de la chapelle de la pureté. De vieilles femmes emportées par leur parapluies descendaient à toute vitesse vers le village, c'était comme de drôles de danses.

     


     

     Il la vit arriver de loin, dans l'Alfa Sud jaune de son grand père. Paul n'avait jamais réellement saisie sa beauté. Lorsqu'il l'observa sortir de la voiture, il la détailla précisément et ce fut d'une simplicité déconcertante. Elle portait près de ses lèvres les marques de la mirabelle, elle en amenait un panier rempli, ses cheveux blonds, mouillés brillaient mystérieusement. Leur couleur ne semblait pas définitive. Sa peau halée, ses larges sourcils, ses yeux gris, toute cette harmonie se jetait à la gorge de Paul, non pour l'implorer mais bien pour le saisir.

     


     

     La pluie tombait sur ses petites épaules nues. Paul l'enlaça un instant. Il respira longuement sa présence. Il était incapable de prononcer un mot. Ils s'abritèrent dans la petite chapelle. Elle était toute blanche comme une meringue. La foudre feulait sa lumière partout dans l'atmosphère. Un drôle de type fumait sa pipe en fixant un vitrail, des gosses jouaient entre les colonnes.

     

    Portrait

     

     

    C'était certainement le moment - Paul la tenait fermement contre lui, dans la chapelle de la pureté. Puis, calmement, il réalisa avec tristesse qu'il n'arriverait jamais à le lui dire.

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  • C'est une boîte de nuit infâme. Une moquette ravagée par les insomniaques se déroule sous tes pieds. Tu avances. Le comptoir brille un peu, c'est pas terrible. L'odeur, les visages blancs et cernés, les vapeurs d'alcools, des cris, la porte des toilettes ouverte tout ça devrait te faire fuir. Mais tu es là pour te perdre.

     

    Portrait

     

     

    Une nana parle toute seule sur un de ces fauteuils douteux, le fumoir au loin ressemble à un cube rempli de pisse. Délicieux endroit pour mourir. Mentalement, tu te passes les chansons que tu voudrais entendre, survie. On te sert une bière, enfin de la flotte dorée. Tout ça pétille inutilement dans ta gorge. 

     

     

     Tu bois. Une vieille femme avec des mitaines noires te parle de la Torah, son rouge à lèvres est peut-être violet. Sa bouche est un puits ignoble où la cendre dévore toutes les chairs. Tu te sens triste, tu penses avoir envie de baiser. Tu aimerais oser l'amour.

     

     

    Certains dansent devant les grands miroirs, ils échangent leur sueur entre des rasades de gin. On passe Michael Jackson, on passe parfois le dernier truc à la mode. Tout ça refoule la haute solitude. Tu te fous dans un coin humide, une blonde aux cheveux éternels vomit dans un seau à champagne, elle te sourit. La coupe de ses yeux dessinent parfaitement la nostalgie.

     

    Portrait

     

     

    Tu penses fumer mais tu n'en as plus envie. Tu veux partir, une jeune fille s'endort près de toi, des ombres ivres mortes hurlent, un type avec des lunettes de soleil regarde le plafond... la musique est poisseuse, sans vie, sans rien - elle s'agite.

     

     

    Avec qui vas-tu rentrer ? Tu vacilles dans la salle, tu te désespères. tu salues tout le monde et tu sors. Tu marches vite dans la fraîcheur, peut-être qu'un léger crachin réveille ton visage. Ta mémoire immobilise des regards, des hanches, des lumières, des voix et des seins. Tu voudrais respirer un parfum de femme, tu voudrais qu'elle revienne.

     

     

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  • La mèche fraîche collée sur la tempe, rousse, les yeux noirs, tu déposes tes secrets - à droite, à gauche - tu m'envahis. Tes hanches trop larges et belles, tendues, ta cambrure, cet arc incendiaire dans lequel j'ai fait fondre toutes mes nuits, tout ton corps s'adresse à mes rêves.

     

    Portrait

     

     Ta peau de lait où se multiplient les merveilleuses imperfections, une petite auréole pourpre, en forme de feuille de tilleul sur le bas de ta jambe évoque ta douceur. Et là, juste au dessus de tes  seins, tes merveilleux petits seins une infinité de taches de son officie comme des larmes brunes. Tu es ma passerelle charnelle jusqu'à Fra Filippo Lippi, jusqu'aux petites lèvres mures, jusqu'à l'iris gris, jusqu'à l'odeur de la pluie.

     

     

      Modèle imaginaire. Petite furie érotique que j'aime en secret. Je couvre de mes mains, avec insolence, la rondeur de tes fesses immenses, je couvre en silence ce goût de sucre qui te poursuit. Je fouillais mes vieux disques, un matin de Juin, à une heure où les premières alarmes de la voierie isolent les somnambules. Je retrouvais un mot ancien, parfumé de tabac. je me replongeais dans l'écoute de Yo La Tengo

     

     

    Tu es une splendide promenade, tu es le vent des années, les lentes années qui se déposent au hasard, tout autour de mon désir de t'étreindre. Je murmure mes sens tout près de toi, je revêts la longue cape de l'amoureux. Je voudrais t'exposer mes bouquets d'émotions, accrocher les mèches douces de tes cheveux, exploser ma verge dans le sillon tiède de ton dos. Faire de mon sperme, sur ta peau, une constellation aux milles secrets.

     


     

     

     

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  • Quelque part, dans les bruissements constellés de la pinède, où une vieille tzigane au foulard écarlate dresse son linge, très tôt, surgît cette pâle lumière du matin. Les lueurs sont belles sur la petite plage, la plage rose aux cavaliers. J'écoutais avec mon vieux lecteur des standards Folk - Sybille Baier & Bridget St John.

     

     

    Les pieds dans le sable froid à l'heure où la mer est encore muette et violette, je rêvais en fumant un tabac blond prodigieux. Le parfum de la résine crépitait dans l'air comme mille lucioles éventrées de lumière. Avant d'atteindre la plage rose aux cavaliers on traverse de vieux cabanons à l’abandon, paumés, avec quelques caravanes autour où de merveilleuses gitanes aux corps longs et fins, dressent des chiens. Elles les dressent à grands coups de serpillères humides, enroulées et efficaces comme des fouets.

     

     

    Je me souviens de cet endroit merveilleux en écoutant We Are Trees, une fantastique propagation de candeur et de sensualité. Une musique qui trahit les premières heures d'été, comme la plus grave des maladies trahit les corps les plus jeunes. Avec deux EP - Girlfriend & Boyfriend, We Are Trees prépare déjà le souvenir de nos prochains amours et moi, je me souviens d'avoir tant aimé sur la plage rose aux cavaliers.

    James Nee nous présente sa cinémathèque amoureuse où se mêle une fugace mélancolie à une enfance déchaînée.

     

    Girlfriend

     

    Boyfriend

     

    Le cinema de We Are Trees

     

    1. Fantastic Mr. Fox

      I personally like all Wes Anderson films, but choosing all of them for this list would be cheating. This movie is perfect. The end.

     

     

     2. Toy Story 3

    This is a very important movie for everyone born in the 90's. It brings back a lot of memories and makes you realize how much you've grown since watching the first Toy Story. I totally cried at the end. 

     

     

     

    3. Waste Land

    This is the latest documentary I've seen, and it's by far the most emotional and beautiful. Not only does it shed light on harsh realities, but it shows how art is truly vital to the world and furthers proves that hard work can make anything possible. I cried during this movie too.

     

     

    4. Blue Valentine

    I like how simple this movie is. All it is a great writing and two amazing actors. A lot of American films aren't being made like this anymore, and it's a shame.

     

     

    5. It's Kind Of A Funny Story

    I genuinely loved this movie. I have no idea why people didn't like it. It was a perfect blend of funny, sad, and adorable. This is such a great feel good movie.

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