• "  La Treizième revient... C'est encor la première ;

       Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment :

       Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière ?

       Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ... "

                                                                              Nerval

     

    Portrait

     

     

    Bois ton eau fraîche mon amour, bois, et on fera de ces heures suspendues de vaillants symboles, des miroirs fendus de gaieté, de printemps. Bois à t'empêcher d'ouvrir l'écorce brune de l'automne, cette saison de marbre qui grapille au coeur de nos mains nos destins - nos allures.

    Comme se couvrent nos paupières, dès que le vent mène sa pâleur, mène son écho de frondaisons mortes, séchées au soleil, désolées.

    Bois, pour que je puisse venir te voir mon amour, bois pour le souvenir, pour les petits pas menés dans l'herbe profonde des clairières de Juillet, songe à ma peau, à mes ongles, à mes lèvres - songe.



     

    J'ai donné l'ombre aux rivières, donné le sourire aux passereaux, aux tendres pétales sans fard, sans illusions, ceux qui ne faneront jamais.

    Glisse ta main blanche, glisse ton odeur dans la mienne, brûle les larmes qui tachent tes cuisses, tes hautes cuisses qui apaisent ma faim. Glisse ta chaleur dans ma poitrine, dans mes veines - sur mon front.

     

     

    Jamais lâché, courbé sous un poids de cendres, je mène la distance comme une croix. La distance des journées de sable, journées qui fondent à la lueur du regret.

    Alors bois mon amour, bois ces heures échevelées, bois ma douceur, bois ma colère. N'aie plus soif - oublie-moi.

     


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    Portrait

     

     

    Le ciel bleu, en haut, comme un marque-page. Finalement, on peut en trouver des trésors dans l'azur. Tiens, voilà une lumière qui me rappelle cette jeune fille jouant avec une araignée parfaitement orange, et là, un nuage dessinant ton grain de beauté sur ton épaule gauche. C'est un carnet intime qui rabat ses feuillets négligemment le ciel, il a de ces écrits incompréhensibles...il faut du courage pour lire certaines pages.

     

     

    Les collants blancs de Léna. Only Shallow de My Bloody Valentine, la voix chaude d'une nuit d'Août, où les petits murmures des fontaines viennent crocheter les rêves. Une passion au diapason, une tombe sous les lilas, le regard brûlant d'une vieille qui fait la manche avec toute cette vie qui se dérobe, le regret de ne pas t'avoir donné toutes ces roses. Le parfum du lys dans ma chambre d'hôtel miteuse. Tout est dans le ciel. Tout.

     

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  • Quelques notes de piano dans un appartement vide, des clopes – un peu de partout – des disques, du beau bordel. La lune rentre avec fracas par une fenêtre. Le ciel balance son crachin depuis vingt quatre heures. On écoute du blues ou de vieux Neil Young. C’est le moment idéal pour découvrir Binary Folks. Un combo relevant nos pépites fétiches, Grandaddy, Sebadoh ou encore Pavement. Mais les comparaisons musicales c’est un peu comme la masturbation, c’est efficace mais on s’en lasse. Mieux vaut faire l’amour. C’est aussi plus intéressant d’écouter ce groupe, de le voir sur scène ou bien de lire le témoignage de Guillaume Derrien. Le cerveau foutraque de Binary Folks nous livre ici sa petite histoire: ses grandes ambitions, ses déboires et ses paroles à la Bukowski. Ce mec là pond des ballades champêtres bouffées de sauvageries grunge, de relents hard rock... bien des musiques se moulinent les unes avec les autres. C’est une sacrée déflagration païenne qui retentit dans ma tête. Déflagration assez forte pour représenter la Bretagne, devant mes yeux, alors que j’en suis si loin. Les meilleures musiques possèdent leur paysage. Binary Folks c’est les forêts du Finistère, les grandes beuveries bretonnes... et l’océan qui chaque jour reprend un peu plus à la terre.

     

     

    Portrait

     

     

     

    Pour les écouter:

     

    http://www.myspace.com/thebinaryfolks

     

     

    Rencontre

     


     A la base, Il y avait deux projets: Photonshade (avec Guillaume Aubertin) résolument électro voire techno parce qu'à l'époque ce qui m'intéressait, c'était principalement la musique éléctronique ( Dopplereffekt, LFO  ) et puis un projet parallèle pour caser des productions plus « lentes » ou qui ne cadrait pas dans le cadre de Photonshade. (Photonshade vaguement dissout en 2004) 


     

     

     

     

    L'idée de départ de Binary Folks, c'est de reprendre la composition « pop »  et rock traditionnelle mais en n'utilisant que des instruments électroniques. Au début des années 2000 j'ai des vieux ordinateurs pourris , pas les moyens de me payer un sampleur correct, je travaille donc sur des très petites séquences (4 mesures en général), plus ça fait planter windows 95! Cette restriction technique m'oblige à composer à la manière de collages en art plastique et de superpositions ( ça s'entend particulièrement bien sur mon morceau Twilight Times je trouve ).

     

     

    Twilight Times



     

     

    Ça tombe bien, je suis super Fan du Odelay de Beck qui utlise parfois le même procédé. J'ai envie de faire des jolies mélodies avec mes synthés analogiques, de faire pleurer les machines, de faire du psychédélique. Je vais dans tous sens. Il y a quasiment rien que j'ai pas envie d'entendre ou de composer. 

    J'essaie de faire des trucs un peu cinématographique à la « Morricone » et je me casse les dents sur les arrangements midi de cordes pour faire comme Lee Hazlewood avec des synthés qui font coincoin ou les prods de RZA. 

     

     

     


    Les premiers live de binary sont 100% éléctroniques. Un vieux séquenceur et quelques synthés et sampleurs. D'ailleurs, les premiers à s'intéresser vraiment à Binary folks, ce sont les mecs de Citizen Records, le label de Vitalic. Il est même question de sortir un truc ensemble mais encore une fois, ça capote. 

    Puis au fur et à mesure, je reviens sur mes engagements de ne pas utiliser d'instruments physiques parce que j'ai vraiment envie d'écrire des chansons comme Ray Davies , John Lennon, Brian wilson ou Serge Gainsbourg.

     

     

     

     

    Enfin, j'essaye...Ou alors comme Pavement, les pixies, bowie, Joy division. 

    J'ai envie de morceaux costauds. 

    J'engage donc un batteur (Tristan Litière) et un guitariste (Sylvain Bréhu) mais ça reste quand même principalement électronique. Les instruments sont là pour les arrangements et puis pour faire plus vivant sur la scène. Je voudrais faire ça Add (n) to X mais j'y arrive pas vraiment. 


     

     

     

    A ce moment-là on est choisi par Jean-louis Brossard comme groupe découverte au transmusicales, j'ai du budget, des dates de prévues, on me propose des musiciens (Hervé Loos à la batterie, Marco De Oliveira à la basse et toujours Sylvain Brehu). 

    J'émigre à Bordeaux, je connais personne, je me fais chier, je passe quasi un an enfermé dans mon home-studio. Finies les résolutions de ne pas utiliser guitares,basses et pianos, je compose des morceaux le plus POP possible tendance 1967 avec moults guitares, voix et basses ( Simple Man, Drowning in The House, Midclass Fury, Sinners....) pour utiliser mon groupe. Même si j'ai toujours l'impression d'être une imposture, un producteur de musique électronique qui se fait passer pour un rocker. Mais en fait je dois me rendre à l'évidence, je sais effectivement jouer de la guitare avec mes mains, chanter avec ma voix.

     

     

     

     

     

    Bref dans la foulée, j'enregistre 13 titres avec Thomas Poli qui témoigne de la tournure dramatiquement folk/pop/rock le plus classique qu'à pris ma musique! Les morceaux sélectionnés font la part belle au songwriting alors que le groupe avait été crée pour du pur soundwriting. Je me suis trahi tout seul, mais en fait je m'en fous. 

    Et puis on me reproche de faire des bluettes, un peu gentillettes. Alors je n'écris plus que des textes salaces. Heureusement personne ne capte les saloperies que je chante. Enfin je crois...J'ai honte quand il y a des anglais dans la salle et que je braille « let me fill your cunt » 8 fois d'affilée. 

    J'avais composé l'ébauche d'un thème pour un film de cul diffusé sur canal +, le film est passé pas mon thème. Encore un truc qui foire... J'ai toujours le script du boulard, il était supposé être un peu intello voire arty. Lol

    Mais en fait,  on trouve personne pour sortir les morceaux, c'est la crise du disque... tout ça... 


     

    Portrait

     

     

    Et sur ces entre faits je me barre en Asie en vacances prolongées. Et en rentrant, je me lance dans la rénovation d'une bicoque. Grave erreur, je me retrouve bloqué pendant presque 2 ans, sans studio, les mains dans le ciment. 

    A peine fini, je me remet au boulot. Je piétine maintenant sans vergogne mes anciennes résolutions. 

    C'est du rock tout ce qu'il y a d'orthodoxe (Venus, The Tag) ou presque (I've Got This Thing). 

    A ce rythme je fais de la variétoche dans 5 ans et du baloche dans 10. 

    On en est là aujourdhui. Le disque devrait sortir dans l'année 2011, le calendrier sera fixé d'ici un mois. Il devrait sortir sur le label Rennais Idwet. Si ça foire pas avant ! 

    Tu as pu voir la nouvelle formation, en cours de travail, avec Victor Thomas et camille Arditti ( Que j'ai pris dans le groupe pour la former à la scène pour l'autre projet « Dollarbird ») 


     

    Guillaume Derrien.

     

     

     

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    Portrait

     

     

    J’ai perdu peu à peu le sens des mots. Je ne m’endors plus pour les rêves. Les parfums que je respire n’ont plus leur souvenir. Ma chambre balance sa solitude et ne supporte plus la lumière. Comme tout est parti, comme tout est parti avec toi. Je vais voir l’océan pour remercier le vent, lui, crie assez fort pour que je ne puisse pas entendre ta voix.

     

     

    Alors quoi ? Je vais trainer dans les bars, dans la nuit, je vais boire, beaucoup, je vais fondre ton absence dans des bras que je ne reconnais même pas. Le jour s’en va trop vite. Le jour du vin et des roses.

     

     

    Le tanin plein les lèvres, j’embrasse des présences féminines qui ne m’éloignent pas de toi. Jamais. Je baise, j’arrête les rancœurs. Je n’y pense plus, je ne pense plus à ta peau, à l’odeur des violettes dans tes cheveux.

     

    Portrait

     


    Je fais brûler ma treizième carte. In vino veritas. Je me retrouve sur un mauvais matelas après une gueule de bois balaise. J’entends les voisins chanter dans l’escalier leur rédemption. Les étoiles restent collées à l’horizon comme un drapeau d’Amérique.

     

    Portrait

     

     

    J’ai connu une veuve qui ne donnait aucunes réponses. Elle fermait les yeux de ses amants – c’est tout. Elle prenait son bain tôt le matin avec de la lavande, le jour n’avait pas encore posé ses larges mains, elle, elle se tenait prête, prête pour ne pas l’oublier. Je t’aime.


     

     

     


     

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    La pluie avait cessé. Des milliers de feuilles flottaient sur l'eau brune de l'Adour. J'ouvrais grand les fenêtres de l'hôtel pour laisser le vent circuler et toi, tu enfouissais ton petit minois dans un coussin jaune citron.

     

    Septembre déroulait déjà son manège cuivré.

     

    Everybody Knows détonnait dans ma mémoire lorsque je laissais glisser ma main le long de ta peau, elle avait ce matin là une luminosité orange. Je serais resté un million d'années comme ça.

     

    Il fallait y aller pourtant.

     

    On glissait un peu sur les pavés humides. Le soleil dévorait le reste de nuages dans le ciel -  tout était immensément triste. Main dans la main, on divaguait en sifflotant Here It Comes. Parce que je l'écoutais sans cesse.

     

     

     

     " i swear i've known some people come and go

     

    fade away to some other place they know

     

    as i stand alone unfurl my flag

     

    of solitude and sin

     

    wrapped up in the place i'm in. "

     

     

     

     

    Ces mots étincelaient devant mes yeux.

    Je regardais tes jambes nues et au sol tous ces graviers ocres, l'eau déferlait en traînées pourpres, restes d'orage.

    La petite foule muette montait la grande route. Des vapeurs d'humidité sortaient des murs. Tu posais ton visage contre mon épaule.

    What Kind Of Friend Is This. On se sentait seul sans lui, déjà.

    Les petites tombes apparaissaient au hasard, joueuses, dans un léger brouillard de rouille.

    Black Autumn.


     

     

     

     

    Tu avais ce joli bouquet de jonquille que tu tenais comme une petite fille.

     

    On ne disait pas grand chose, tous en noir.

     

    La cérémonie oscilla entre l'irréel et une véritable détresse.

     

     

     

    Onze années et East Village me fout toujours les larmes.

     

    Drop Out reste ce bijou sombre, cette musique de l'adieu, pour lui, pour nous.

     

    Maintenant, quand je traîne dans les longues allées de Bayonne, j'écoute toujours cet album sublime et troublant.

     

    Je le laisse me guider dans les rues et je t'aperçois entrain de rire et lui nous regarde dans l'ombre.

     

    Le trio est recomposé le temps d'une chanson mais ça ne me suffit pas. Cela ne suffira jamais.

     

     

     

     

    Portrait

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