La guerre - c'est une bourrasque insupportable. Elle trimbale son flot de morts et de secrets. Elle jacasse et aime le vacarme, elle distribue les offenses comme seule le fait une reine. C'est injuste et con comme la mort la guerre. Elle fait jouer des enfants à un jeu décidément trop sérieux.
C'est comme Malevitch qui paume un bon nombre de tableaux durant les batailles. Quelle tristesse. Mais, après tout, le régime Soviétique le qualifiait de rêveur philosophique. On l'imagine oublier ses oeuvres et penser plutôt à réchauffer ses doigts entièrement bleus. Le corps a de ces exigences tout de même.
Le corps justement, son ébullition, son langage et ses variations. La première fois que j'ai entendu le son organique de Camoufleur, cet album de chair végétal, Avril creusait la plante de ses pieds et proposait déjà, des pas de danse printaniers.
Je rêve toujours avec ce disque et j'observe le soleil perdre le combat de la lumière. Musique du printemps au coeur de l'automne. Je rêve également face à certaines oeuvres nues de Malevitch. Elles plaquent leur vide sur mon visage pour voyager dans mon imagination. Le rêche et le velours. Les escapades insensées.
Purs silences. Bruit, fureur et sens que l'on enfante nous mêmes face à ces crevasses. On s'effraie un peu de ces hautes solitudes.
Ah! La tendresse de se souvenir d'une saison dans une autre. Cette fusion des émotions, des historiettes musicales, des parfums, Gastr Del Sol les intensifie jusqu'à les faire disparaître. Abstractions abrasives comme les créait Malevitch. Une guerre à l'odeur de fleur, la vie.