Je me relisais. Dans un des mes carnets usé d'adolescent: " Je suis un poseur de bombes mélancoliques et toutes ces phrases... ce sont de bien mauvaises déflagrations. A vrai dire, je suis un peu l'homme jasmin d'Unica Zürn. Empêtré dans les mêmes parfums, écorché aux souvenirs. J'ai une frange de soleil éternel au-dessus des yeux." Je lisais cette histoire de soleil éternel et dans ma chambre une lumière ivoire, comme un fauve, se projetait sur ton corps. Je payais ma tête en alphabet muet à te voir si belle- illuminée. Quel crétin je fais- moi- qui ai appris à aimer sur les bords d'un verre. J'ai le goût de tes mèches salées à présent, j'ai le goût du sel pris le long de ton dos.
La musique de Girls est une douce charge. Elle cristallise sur mon front d'étranges lignes tendres . Le souvenir des parfums, du pollen glissé entre les cheveux comme un billet doux.
Je peux parcourir mes murmures, aligner mes mensonges comme un militaire, je pourrais le faire. J'en ricane d'être aussi solitaire lorsque tu es là, tout près. Idiot, je t'aime, à en fondre mes paupières dans l'ombre tiède de tes seins. Quand j'observe la petite cicatrice sur ta lèvre, je l'envie car elle est toujours avec toi. Elle se trimbale comme le fait cette musique sans cesse dans ma tête. Sans cesse.